Mademoiselle Chambon c'est d'abord cette petite mélodie qui sort régulièrement de la bouche en coeur du petit Kevin : "ma Maîtresse". Refrain mêlé de tendresse et de soumission qui n'attise aucune flamme encore pas même une étincelle dans le coeur de son père Antonio. Maçon d'origine portugaise celui-ci mène avec sa femme Anne-Marie une de ces vies tranquilles faites de "petites contraintes de bonheur au centimètre"... Jusqu'au jour où il conduit son fils à l'école et rencontre Véronique Chambon. L'inévitable se produit : le coeur qui s'emballe les jours suivants à l'approche de l'école les coquetteries du matin pour lui plaire l'interminable errance durant les vacances scolaires. Mais comment une vie si ordinaire s'accommode-t-elle de la passion ? Les très courts chapitres qui caractérisent les romans d'Éric Holder crépitent comme un feu de bois vert. L'écrivain y confie des éclats de vie aigres et doux comme l'existence. Comme dans L'Ange de Bénarès ou dans l'ensemble de ses nouvelles il sait dire le merveilleux qui affleure dans l'ordinaire. --Laure Anciel