"Du joli la passion dite amour. Si pas de jalousie ennui. Si jalousie enfer bestial. Elle une esclave et lui une brute. Ignobles romanciers bande de menteurs qui embellissaient la passion en donnant l'envie aux idiotes et aux idiots." Albert Cohen n'embellit pas la passion mais l'analyse avec une lucidité sans pareille. Des amours entre Ariane et Solal dans la Genève du début du siècle il n'élude aucun aspect ni la marche triomphale de la passion ni les affres de la jalousie ni la brutalité d'une relation plutôt sadique mais son roman demeure une des histoires d'amour mythiques de la littérature. Brossant au passage un tableau féroce du milieu des fonctionnaires internationaux où il a lui-même fait toute sa carrière mêlant un foisonnement de récits secondaires à l'intrigue principale et passant avec une maîtrise consommée du lyrisme le plus échevelé au constat le plus froid Albert Cohen donne avec Belle du Seigneur non seulement son oeuvre maîtresse mais un des plus beaux romans du XXe siècle. --Gérard Meudal