Mougaburu

Antoine Piazza nous revient et l'on frémit en pensant au parfois difficile cap du second roman. Surtout après Roman fleuve ce coup de maître qui révélait un auteur français à l'imagination saisissante et au style aérien servant avec brio une intrigue palpitante.Que le lecteur se rassure. Antoine Piazza renchérit dans le superbe avec ce roman épistolaire tissé de souffrance et d'honneur. Napoléon est mort à Sainte-Hélène. Ses combattants ont suivi leur destin au gré des vicissitudes de cette histoire ponctuée de conquêtes et de défaites. L'un le maréchal Jayet poursuit la bataille dans les coulisses du pouvoir avec un certain succès. L'autre le général Dewaeghe a laissé les souvenirs le plonger dans la solitude et l'ennui. La guerre a pourtant rapproché ces deux hommes qui après s'êtres croisés dans la fureur des combats décident de se retrouver. Nous sommes en 1840. Dewaeghe décide de rejoindre Jayet mais sur le chemin une grave chute de cheval lui ouvre la cuisse et le laisse quasiment mort entre les mains de rustres paysans. Immobilisé comme captif des gens qui l'ont recueilli traversant fièvre et doute le général n'a d'autres possibilités que d'écrire au maréchal pour lui conter son calvaire.Antoine Piazza réanime dans l'ambiance d'un monde qui chavire et d'un autre qui se lève des personnages romanesques torturés et brillants aux vies à la fois lointaines et proches imprégnées de la même odeur de mort. Dans leur monde les cicatrices se lisent comme les lignes d'une biographie fidèle et révélatrice comme l'histoire de deux soldats vieillissants sous la plume d'un grand grand écrivain. --Hector Chavez