Passage à l'ennemie

Roman d'espionnage roman policier et roman de la cité roman d'amour et parodie de tous? Pour son neuvième roman Lydie Salvayre n'a pas lésiné sur les moyens usant et multipliant des registres littéraires et des effets. Point de départ à cette merveille livresque l'intrusion d'un inspecteur de police des renseignements généraux au service "Faits de société section villes et banlieues" dans une triste cité. Sa mission : s'introduire et contrôler une bande de jeunes délinquants installés dans le hall d'un bâtiment dés?uvrés versés dans le menu larcin la magouille et la consommation de produits illicites et suspectés "d'accointances avec des intellectuels". Pour mieux se faire adopter il a chaussé des Nike revêtu un pantalon militaire une trop grande chemise laissée entrouverte et une casquette à visière. Il ira jusqu'à prendre des cours de hip-hop et s'abandonner aux plaisirs du haschich. De janvier à août il écrit régulièrement des rapports à son ministre sur lesquels sont condensés ses recherches des démarches camouflées les anecdotes s'accumulant dans la cage d'escalier. Mais tel est pris qui croyait prendre car c'était sans compter sur la rencontre inopinée et bouleversante d'une créature féminine bien nommée : Dulcinée. Et les destins de s'inverser comme les missions. Dans la franche bonne humeur. Lydie Salvayre joue des clichés d'une langue à l'autre (ampoulée populaire banlieusarde) passe d'un genre à l'autre entre James Bond et les Monty Pythons Nestor Burma et Mister Bean et en même temps qu'elle épingle les exactions de la police souligne les iniquités de la société déploie dans l'amusement une histoire d'amour envers et contre tout. Belle subtilité ! --Céline Darner